Viols de Mazan : un coaccusé livre un autre récit de violences infantiles

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Comme Dominique Pelicot ou Jean-Pierre M., Fabien S. est, lui aussi, sur le banc des accusés dans l’affaire des viols de Mazan. Comme 50 autres hommes, il est accusé d’avoir violé Gisèle Pelicot à son domicile alors qu’elle était sédatée.

Jeudi 26 septembre 2024, devant la Cour criminelle départementale du Vaucluse, Fabien S. est venu apporté son témoignage à la barre. Revenant sur les faits de viols aggravés qui lui sont reprochés, il livrait un récit de son enfance marqué par les violences familiales.

Un autre récit de violences infantiles

Avec ses 18 mentions sur son casier judiciaire, Fabien S. n’en est pas à sa première condamnation. D'abord en 2006. Puis en 2010 pour agression sexuelle mais aussi en 2013 et 2015 pour violences conjugales. Désormais, l’homme de 39 ans est jugé comme 50 autres, pour viols aggravés sur Gisèle Pelicot. Des viols s’étant produits à Mazan, au domicile du couple, dans la nuit du 18 au 19 août 2018. Ainsi, à l’image de Dominique Pelicot ou de Jean-Pierre M., l’enfance de Fabien S. est teintée de violences subies depuis son plus jeune âge.

Une enfance faite de violences

De 3 à 18 ans, l’homme a vécu en foyers et en familles d’accueil. D'ailleurs, dans la première, il sera maltraité. « Je prenais des coups de martinet, de bâton. On me mettait à genoux pendant des heures » reprenait nos confrères de Libération. Après un nouveau passage en foyer, Fabien S. est replacé en famille d’accueil. Là, on abuse de lui. « Un jour j’ai vrillé, je suis parti en psychiatrie. J’avais 16 ans » résumait-il lors de l’audience. Le jour précédent, Me Céline Attard qui le représente, avait partagé d’autres éléments. « Il aurait été victime de violences incestueuses dès 2-3 ans, dans sa propre famille » notait-elle.

Abus et agressions

D'ailleurs, son enfance marquée par les violences, il n’a jamais pu s'en défaire. Jusqu’à les reproduire. Ainsi, accusé d’agression sexuelle sur mineure de moins de 15 ans en 1997, il sera condamné pour ces faits en 2010. Mais, selon lui, ses actes ne servaient qu’à le protéger. « J’étais dans une famille d’accueil, le mec abusait de moi et les éducateurs ne m’écoutaient pas » expliquait-il. « Je me suis exhibé devant la fille pour qu’elle porte plainte et qu’on m’enlève de cette famille d’accueil » poursuivait-il, réfutant l’agression sexuelle. Elle avait 9 ans. Lui en avait 12.

Des violences qui ne justifient rien

De sa majorité à ses 28 ans, Fabien S. vit dans la rue. Alcoolique, il fait « le con pour survivre », vole et frappe des gens pour « récupérer de l’argent ». Père de quatre enfants d’union différentes avec lesquels il n’a plus de liens, Fabien S. avait levé la main sur sa première conjointe. Puis, il l’avait « poussée dans le fossé » avec sa voiture pour qu’elle le laisse revoir sa fille. « Il n’a pas la réaction de monsieur Tout-le-Monde » analysait Laurent Layet. « Plus la dignité a été touchée, plus on risque de devenir à son tour victime ou auteur de violences » poursuivait-il. Toutefois, il insistait sur le fait qu’il n’y avait « pas de lien direct ». « La résilience existe aussi. Aucune fatalité » soulignait-il. Le procès se tiendra jusqu’en décembre 2024.

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