Suicide de Jordan Michallet : l'impossible deuil de l'épouse du rugbyman, "un problème propre à…"

https://sf1.closermag.fr/wp-content/uploads/closermag/2025/01/rugby-4614610_1280.jpg

Le 18 janvier 2022, Jordan Michallet, 29 ans, marié à Noélie, enceinte de son premier enfant, et rugbyman, se suicide en sautant d’un immeuble. Depuis, la question de la santé mentale dans le monde du rugby est devenue centrale. Pour nos confrères du Parisien, sa veuve a ainsi accepté de revenir sur le deuil impossible qu’elle vit depuis plus de deux ans.

Et malheureusement, la jeune femme n’a toujours pas les réponses à ces questions qui la hantent : J’en suis toujours au même stade. Je n’ai pas vraiment de réponse. Si je m’étais torturée l’esprit tous les jours avec ça depuis trois ans, je serais devenue complètement folle”, confie-t-elle en deuil. “J’ai décidé que j’arrêtais de chercher. Mais effectivement, c’est dur de ne pas connaître la raison de son geste. Je pense qu’on ne saura jamais pourquoi il a fait ça”.

La mort de Jordan Michallet : la douleur insurmontable de son épouse

Pour elle, peut-être que son défunt mari aurait alors très mal vécu une commotion cérébrale, subie un mois plus tôt, qui lui donnait des douleurs intenses. “Le rugby, c’est un peu la cause de son décès à mes yeux”, estime Noélie.

La jeune femme s’est alors rendu compte que beaucoup de joueurs de rugby vivent un mal-être profond. Tout comme leurs épouses : “Beaucoup de femmes de joueurs aussi, environ une soixantaine depuis trois ans, m’écrivent via les réseaux sociaux. Elles me disent : mon mari est déprimé, je ne le reconnais plus, qu’est-ce que tu me conseilles de faire ? En creux, elles se disent que ce qu’a fait mon mari, le leur pourrait le faire. Ça leur fait du bien d’avoir un regard extérieur je pense”. 

"Ils ont été habitués à ne pas se plaindre"

Trois ans après le suicide de son époux, Noélie Michallet estime alors que le monde du rugby n’a pas pris ainsi en compte la santé mentale de ses joueurs. “C’est un problème propre à un monde sportif et très masculin. Dans le milieu du rugby, ils ont été habitués à ne pas se plaindre depuis qu’ils sont petits. D’un côté, c’est beau et c’est fort”, estime-t-elle ainsi.

“Mais de l’autre côté, il y a cette idée qu’il faut continuer coûte que coûte, même si on a mal et que l’on est épuisés. Un jour, Jordan s’est cassé les deux jambes avec Bourgoin. Il s’est retrouvé trois mois en fauteuil roulant. Il est sorti en marchant après sa blessure. Ça montre bien que même dans cet état, ils sont conditionnés à rester debout. Ils ne s’autorisent pas le droit de flancher”.

×