« Zorro », le justicier masqué, sous le costume un rien désabusé endossé par Jean Dujardin
12/12/2024 01:12 PM
L’acteur français tient le premier rôle dans cette série parodique qui remet en selle le cavalier masqué après 20 ans d’inactivité. Une façon de retrouver du crédit aux yeux de sa femme et de ses concitoyens. A voir sur RTL-TVI et sur Pickx dès maintenant et sur France 2, dès le 23 décembre.
Californie, 1821. Don Diego de la Vega (Jean Dujardin) croit que l'heure est enfin venue de prendre en main la destinée de son peuple en remplacement de son père, Don Alejandro (André Dussollier en grande forme). Mais ce dernier doute des capacités de son fils en tant que gestionnaire et administrateur de la ville et sape son autorité en toutes occasions.
Au même moment, la localité est mise en difficultés par une accumulation de dettes tenues secrètes jusqu'alors. Face aux injustices qui s'abattent sur la population, Bernardo veut convaincre son maître d'enfiler à nouveau son costume de justicier et de redevenir, pour le bien de tous, le célèbre Zorro. Mais Don Diego semble bien trop épris de son petit confort et de sa tranquillité d'esprit pour repartir au combat…
Avec cette nouvelle déclinaison du mythe de Zorro** (cf ci-dessous), les auteurs Noé Debré (Parlement) et Benjamin Charbit (Gagarine) optent pour la version potache du mythe, pas si éloignée de la tendance OSS117 à l'humour ultra-référencé. Normal, on retrouve Jean Dujardin sous le masque en velours et le costume sombre, maniant l'épée et chevauchant sur le dos de son fidèle destrier.
Éric Elmosnino se glisse dans le costume du fourbe et vénal Don Emanuel, bien décidé à mettre la ville en coupe réglée, à ses pieds. Un propriétaire véreux face auquel Don Diego éprouve d'énormes difficultés à s'affirmer. Dans le rôle du fidèle Bernardo, on découvre un Salvatore Ficarra convaincant tandis que Grégory Gadebois se mue en sergent Garcia déprimé, admirateur secret du grand Zorro.
La série suit cet homme ni déterminé, ni téméraire, qui peine à concilier les deux faces (cachées) de sa vie. Un héros d'autant plus secoué qu'il découvre, avec stupéfaction, que sa femme (Audrey Dana) n'est pas du tout insensible au charme ravageur de Zorro, redresseur de torts, au look de guerrier intrépide. La bonne idée des scénaristes est de tenter de voir comment des événements inattendus peuvent venir bousculer ou pimenter la vie d'un couple ronronnant après plus de 20 ans de vie commune… Même si le récit pâtit d'un rythme parfois aléatoire.
André Dussollier est parfait en père autoritaire et envahissant, refusant de perdre le contrôle sur son fils et sur sa ville. C'est l'un des personnages les plus aboutis de cette parodie qui, contrairement à Astérix et Obélix: Mission Cléopâtre, peine à insuffler suffisamment de grain de folie ou d'épaisseur à tous ses personnages.
Zorro depuis plus de cent ans sur tous les écrans
Même si, aux yeux de tous, il est parfaitement unique avec son chapeau à large bord, son masque de velours noir, sa cape et son épée, Zorro a connu de nombreuses incarnations au fil du temps, sur le petit et le grand écrans.
Imaginé en 1919 par Johnston McCulley, le rusé personnage n'a jamais cessé de se réinventer. S'il emprunte son patronyme au renard – « zorro » en espagnol – son but est bien de redresser les torts des riches propriétaires et dignitaires sans scrupule qui rendent si pénible le quotidien de la population la plus pauvre, au début du XIXe siècle, en Haute-Californie.
Si le public européen a fait sa connaissance via la série télévisée américaine multi-rediffusée, Zorro s'est également illustré dans des romans, des BD, des films et des dessins animés. Inspirant, à son tour, la naissance d'autres héros tels Batman chez DC Comics ou El Aguila chez Marvel.
Entre La légende (1996), Le Masque (1998) et Les Chroniques (2015), les admirateurs du bel hidalgo ont eu largement de quoi satisfaire leur curiosité et leur passion depuis plus de cent ans. D'autant que, dès le départ, d'autres partenaires sont entrés en lice : Zorro et ses légionnaires (en 1939), Le fils de Zorro dès 1947 et Zorro et fils en 1983.
Avec la série en huit épisodes, imaginée par Noé Debré et Benjamin Charbit, l'histoire prend à nouveau la tangente : on y retrouve un héros retiré des affaires depuis plus de 20 ans, peinant à affirmer son autorité au quotidien auprès de son père Don Alejandro de la Vega, de sa femme ou de la population locale.
Karin Tshidimba