FLO en Interview Dix-Moi : premier album, féminisme, nostalgie, R&B…
12/03/2024 12:00 PM
Le girlgroup britannique FLO était à Paris pour célébrer la sortie de son tout premier album : Access All Areas. Nous les avons rencontrées à cette occasion pour discuter le lendemain d’un showcase intimiste dans les locaux d’Universal Music France – lors duquel elles ont ressenti l’amour de leur public français.
C’est en 2019 que le trio de filles R&B FLO – composé de Renée, de Stella et de Jorja – s’est formé après que les deux premières aient rencontré Jorja lors d’une audition. Les choses se sont vite enchaînées depuis la sortie de "Cardboard Box" en mars 2022 : le groupe a eu l’opportunité de se produire lors de nombreux festivals et émissions télévisées, tout en récoltant les louanges d’icônes comme SZA, Kelly Rowland et Missy Elliott au passage.
Véritables précurseuses du retour en force des y2k, les FLO ressuscitent l’âge d’or du R&B avec leurs hymnes libérateurs et girl power – accessoirement salués par la critique. Leur premier album intitulé Access All Areas vient de paraître chez Universal Music, et à la rédaction on l’adore !
FLO, L’Interview Dix-Moi :
1- Vous venez d'annoncer votre premier concert en France, mais ce n'est pas la première fois que vous vous rendez ici. Qu'est-ce qui différencie le public français du public anglophone ?
Jorja : Eh bien, les fans français sont très investis. Par exemple, à notre showcase d'hier, ils connaissaient les paroles de chaque chanson. Parfois ils viennent même nous voir partout que l'on soit dans la ville, ils trouvent même la localisation de notre hôtel… Et c'est un plaisir, à chaque fois, de les rencontrer et de discuter avec eux. C'était un grand bonheur de pouvoir enfin chanter pour eux, ils ont tant attendu.
2- Vous venez de sortir votre premier album, Access All Areas, qui présente un mix entre pop et R&B. Qu'est-ce qui vous a attiré vers le R&B, un genre musical dont vous n'avez pas forcément vécu l'âge d'or (les filles sont nées entre 2001 et 2002, NDLR) ?
FLO : Alors, premièrement nos mères sont de grandes fans de R&B et nous avons hérité de leur amour pour le genre. Cela s'est véritablement fait de manière inconsciente car le R&B fait intégralement partie de nous. On en écoutait énormément à la maison, cela faisait partie de la routine et on ne le soulevait pas comme quelque chose de spécial. C'est plus en grandissant qu'on a commencé à s'y intéresser tout particulièrement, au point où cela devenait difficile d'écouter d'autres genres musicaux auxquels on était habituées. On a également pu voir des icônes de notre génération, comme Justin Bieber et Ariana Grande, avoir leur propre période R&B. Cela a très certainement joué un peu…
3- Sur la première piste de votre album, Cynthia Erivo ("Wicked") vous introduit comme étant la relève de girlgroups marquants comme Destiny's Child, SWV et les Sugababes. Était-ce important à votre sens de reconnaître les icônes passées avant vous ? Et ne ressentez-vous pas la pression de faire mieux ou tout aussi bien ?
Renee : C'était clairement très important de reconnaître l'impact de celles passées avant nous car la nostalgie fait partie intégrante de notre identité artistique. C'est cela qui nous rend si reconnaissables et attirantes aux yeux du grand public, et peut-être que nous aurions eu plus de difficulté à nous faire connaître sans les références. Elles nous ont également beaucoup inspirées à nous affirmer en tant que groupe.
Stella : Nous ne ressentons pas vraiment la pression. On se concentre sur notre parcours et on crée nos propres standards. Il n'y a jamais de pression négative, on fait ce qu'on souhaite faire tout en restant reconnaissantes d'être là. Cependant, nous les admirons et adorerions avoir le même succès.
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4- Votre musique est connue pour porter des messages émancipateurs et porteurs de girl power. Est-ce que c'est important pour vous de porter des messages importants au public ?
Jorja : Clairement. Déjà, ce sont nos mères qui nous ont transmis ces valeurs. C'est notre mentalité au quotidien d'être indépendantes, et on encourage tout le monde autour de nous à l'être. Cela transparaît tout naturellement dans notre musique, ce n'est pas quelque chose que l'on fait intentionnellement lors de nos séances en studio. Cela se fait tout seul, et c'est cette sincérité qui caractérise notre musique.
5- Depuis vos débuts sur la scène pop, vous avez collectionné les louanges de plusieurs icônes comme Jojo, Kelly Rowland et même Missy avec qui vous avez partagé une collaboration. Je sais que vous en avez déjà un peu parlé hier mais, avez-vous une collaboration de rêve ? Et avec qui serait-ce ?
Jorja : Et bien, si on se concentre sur notre album… un artiste avec lequel on aimerait beaucoup travailler c'est Central Cee. Ce serait génial car, premièrement, il est anglais, il est aussi talentueux, et surtout nous avons une chanson sur l'album qui lui collerait à merveille pour un remix. Mais bon, au cas où cela ne se fait pas on va s'abstenir de dire de quelle chanson il s'agit (rires). On adore sa vibe ! Sinon, tant qu'on parle de collaborations de rêve, on adorerait travailler avec Ariana Grande. On aimerait beaucoup faire une chanson avec Brandy, avec Victoria Monet aussi ! Comme vous pouvez le voir, on est très girl's girls !
6- Depuis que vous avez émergé, on assiste à une renaissance des girlbands anglophones, particulièrement en Angleterre. Écoutez-vous des groupes féminins émergents, et si oui lesquels ?
Stella : C'est très simple car "Touch" (par le groupe américain KATSEYE, NDLR) ne veut pas quitter notre esprit, on l'a en tête à tout moment de la journée ! (rires) En dehors de ça, on écoute essentiellement notre propre musique mais on adore voir tous ces nouveaux groupes de filles qui fleurissent.
7- Depuis la sortie de "Cardboard Box", vous avez contribué à ressusciter l'esthétique des années 2000 – autant dans les sonorités que dans les visuels. Comment expliquez-vous ce retour en force des y2k dans la pop culture ?
Jorja : Je pense que cela s'explique par plusieurs raisons, premièrement il y a la nostalgie d'une époque lors de laquelle les gens étaient plus audacieux et extra – autant dans leurs tenues que dans leur attitude globale. Ils n'avaient pas peur, ils faisaient ce qu'ils souhaitaient faire sans se soucier du qu'en-dira-t-on, et c'est totalement le genre d'attitude qui transparaît de notre musique. Nos chansons sont fortes, pleines de caractère, et on avait besoin de représenter cette musique par nos tenues, qui parfois rappellent cette époque.
Renee : Tant mieux si cela a contribué à relancer une mode, cependant nous ne réfléchissons pas vraiment à cela lorsqu'on choisit nos vêtements. Notre seule préoccupation, c'est d'être à l'aise dans ce qu'on porte et dans ce qu'on fait. À l'époque tout le monde était dans le slay permanent, tout le monde en faisait des couches et c'était maximaliste à souhait, et peut-être que cette insouciance a fini par manquer au bout d'un moment. C'était tellement excitant, et évidemment on veut que ça revienne à la mode !
- En dehors des vêtements, est-ce que vous avez la sensation que cela reflète le besoin des gens de retourner à une époque où ils se sentaient plus heureux peut-être ? Vous décrivez une époque à laquelle le jugement et la comparaison étaient moins présents…
Jorja : Non… (elles rient)
Renee : Je ne sais pas si je dirais qu'ils étaient plus heureux… Mais il est sûr qu'ils pouvaient s'exprimer plus facilement. Très clairement, avant les réseaux sociaux, on se souciait moins de son apparence et de l'opinion des gens. Ça n'existait pas à l'époque, donc c'était différent.
Jorja : Je ne sais pas si les gens à l'époque étaient vraiment plus heureux dans la mesure où l'on a vu plusieurs grandes figures de l'époque connaître des moments difficiles. On a clairement eu de la chance car l'industrie musicale a énormément évolué, et aujourd'hui elle est beaucoup plus saine qu'à l'époque. Les artistes d'aujourd'hui, dont nous, peuvent apporter plus facilement leur touche personnelle à leur musique. Ils peuvent s'impliquer dans l'écriture, dans la production, et peut-être que si cela avait été le cas pour les générations passées, certaines de nos idoles se porteraient mieux aujourd'hui. En tout cas, on espère très fort qu'on tiendra le coup !
8- Justement, en regardant les crédits de l'album, je me suis rendu compte que vous aviez toutes trois participé à l'écriture des chansons. Renée, tu as également un crédit en tant que productrice sur "Nocturnal". En tant qu'artistes féminines, était-ce important pour vous de vous impliquer dans la création des chansons ?
Renee : Absolument ! Je sais que ce n'est pas le cas pour tous les artistes, mais on adore être présentes dans tout le processus créatif ! Nous sommes très actives, très impliquées, et on souhaite être incluses dans toutes les grandes décisions. Cet album, c'est notre vision, notre style. Le reste de l'équipe travaille autour de nous afin de matérialiser cette vision, et nous écoutons leurs conseils pour y arriver au mieux. On a eu la chance de travailler avec des producteurs de talent sur ce projet, et en tant qu'artistes encore en apprentissage on est méga conscientes de la chance que nous avons. Parfois on les laisse faire leurs choses et on supervise, puis lorsque nous sentons que nous avons quelque chose à rajouter on n'hésite pas à nous manifester.
Jorja : Parfois il s'agit d'un simple mot, parfois de plus… mais on tient tout particulièrement à contribuer d'une façon ou d'une autre aux chansons afin qu'elles nous semblent personnelles.
- Pour rebondir sur ça justement, je me demandais justement si la totalité des chansons sur l'album étaient des chansons originales ? Ou peut-être que certaines d'entre elles vous ont été proposées par d'autres ?
Les 3 : Ah oui, certaines ont été pitchées en effet !
Jorja : "In my bag" nous a été proposée. Pareil pour "On & On", qui nous a été pitchée par KABBA – une de nos collaboratrices fréquentes. Elle nous connaît super bien à force de travailler ensemble, et c'est ainsi qu'elle nous propose des chansons qu'elle pense nous correspondent bien. Lorsqu'elle nous propose une chanson, elle sait bien que nous sommes en mesure d'y apporter quelque chose de frais et d'unique. "How does it feel" a également été pitchée, et pour le coup la version finale de cette chanson est totalement différente de la démo qu'on avait reçue initialement. C'est grâce à MNEK qu'on arrive à se réapproprier les chansons !
- D'ailleurs, en parlant de MNEK… Je sais qu'il a travaillé avec certains des plus gros girlgroups anglais comme Little Mix, Sugababes et même les Saturdays. C'était un choix évident, pour vous, d'en faire le producteur exécutif du projet ?
Stella : Je ne dirais pas qu'on l'a choisi car il a travaillé avec plein de groupes féminins, mais c'était surtout car nous avions travaillé ensemble précédemment sur "Cardboard Box" (leur tout premier single) et c'était la meilleure expérience.
Jorja : Il a tellement de connaissances en terme de musique, il sait ce qui marche et ce qui ne marche pas, alors c'était obligatoire pour nous de continuer à travailler ensemble pour la suite. Pour nous qui sommes encore à un stade de notre carrière où nous voulons explorer différents genres musicaux, c'était parfait car il sait tout faire ! Cependant, c'est sûr que le fait qu'il ait travaillé avec d'autres groupes féminins aide, car il comprend notre dynamique et notre façon de fonctionner en studio. Et généralement, il est incroyablement talentueux !
9- Sur votre album, vous êtes en featuring avec l'étoile montante du rap américain : Glorilla. Chez aficia, nous adorons découvrir de nouvelles pépites, alors je me demandais si chacune d'entre vous pouvait nous partager son dernier coup de cœur musical ?
Renee : Est-ce que je peux regarder sur mon portable ?
[Chacune s'empare de son téléphone portable]
- Oh oui bien-sûr, nous avons encore cinq minutes !
Renee : OK, alors voyons voir…
Stella : Personnellement, j'ai adoré… Oh en fait non, je ne vais pas dire ça !
Jorja : Ah…
[Elles rient]
Jorja : Ma dernière découverte musicale, c'est ce jeune rappeur de Londres qui s'appelle LV.
Renee : "Period !"
Jorja : Il fait de la musique très inspirée des États-Unis, on dirait que ça vient de Detroit. Il n'y a personne qui fait ça chez nous. J'adore le rap, et chez lui particulièrement il y a une vibe et une plume vraiment cool.
Renee : Ma dernière découverte, c'est la chanson "Put that on everything" de Brandy, issue de l'album Never Say Never (sorti en 1998). Ça date mais je me suis rendu compte que je n'avais jamais vraiment écouté les albums de cette artiste dans leur intégralité. J'ai redécouvert cette chanson et je me demande vraiment pourquoi je ne l'avais pas découverte plus tôt dans ma vie parce que c'est une très belle chanson.
Stella : Moi, je vais dire "Stuck in my ways" par Elijah Blake. Il vient tout juste de sortir cette chanson en collaboration avec Sevyn (Streeter, NDLR), et c'est vraiment un vocaliste de talent ! C'est très old school, que ça soit au niveau des productions, et c'est ce que j'aime.
10- On va finir par une question sur l'avenir. Maintenant que vous avez sorti ce tant attendu premier album, quels sont les projets que vous aimeriez mettre en place à l'avenir ?
Renee : Alors, on adorerait sortir une version live de notre album, une édition deluxe aussi.
Jorja : On adorerait aussi faire un album de Noël ! Autrement on a hâte de partir en tournée, de rencontrer les fans…
Renee : J'ai vraiment hâte d'avancer dans notre carrière et de voir les prochaines "eras" qu'on va avoir. Évidemment Access All Areas c'était la toute première, mais j'ai vraiment hâte de voir comment on va évoluer au fil des albums. Les "eras" d'une carrière sont méga importantes ! Tiens, par exemple lorsqu'on regarde Rihanna qui a connu plein de périodes différentes dans sa carrière, j'ai hâte de voir ce que ça va donner pour nous.
Découvrez le premier album de FLO :Access All Areas
Propos recueillis par Mihai Esanu.
Remerciements à Universal Music France et à Polydor pour leur accueil.
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