Procès de Mazan : 20 ans de prison requis contre Dominique Pelicot, le mari de Gisèle Pelicot encourt la peine maximale
11/25/2024 05:39 AM
Suite et fin. Le dénouement dans l'affaire opposant Gisèle Pelicotà son ex-époux - dite des "viols de Mazan" - approche à grands pas, et tous les deux ont chacun à leur tour témoigné une dernière fois avant que les réquisitoires ne soient prononcés cette semaine devant la Cour criminelle du Vaucluse. Dominique Pelicot est poursuivi en justice pour avoir contraint son ex-épouse à avoir des rapports sexuels avec d'autres hommes, sans qu'elle n'ait donné son accord, par le biais d'une soumission chimique. L'homme aurait participé à plusieurs dizaines de viols de Gisèle Pelicot alors inconsciente entre les mois de juillet 2011 et octobre 2020, avec la complicité de 49 autres personnes. Deux de plus sont par ailleurs suspectés de l'avoir agressée sexuellement et tenté de la violer selon le même procédé.
Ouvert au début du mois de septembre, le procès a été très médiatisé compte tenu du fait que la victime a donné son accord pour qu'il ne se déroule pas à huis clos. Des journalistes du monde entier ont fait le déplacement au quotidien pour suivre les témoignages des différents partis, les accusés ayant tous, tour à tour, été entendus au Palais de justice d'Avignon après que des experts ont tenté d'établir leur profil psychologique afin de déterminer dans quelle mesure ils étaient pleinement conscients ou pas de leurs actes. La fille du couple aujourd'hui séparé a également été entendue, elle a livré sa vérité et continue d'accuser son père, Dominique Pelicot, de l'avoir elle aussi violée dans ces circonstances semblables.
L'avocat général salue le courage de Gisèle Pelicot
Cette semaine est dédiée aux réquisitoires et, forcément, c'est très logiquement le cas de Dominique Pelicot qui est traité en premier lieu. Le septuagénaire encourt la peine maximale. C'est ce qu'ont fait savoir les avocats généraux ce lundi 25 novembre, tôt dans la matinée. Ceux-là ont réclamé 20 ans de réclusion criminelle, "assortis d'un suivi socio-judiciaire pour une durée de dix ans", soulignent nos confrères de BFM TV en citant l'AFP. "La peine maximale est de 20 ans de réclusion criminelle, c'est à la fois beaucoup et trop peu", a expliqué la juriste Laure Chabaud en soulignant "la gravité des faits répétés". Son homologue Jean-François Mayet a quant à lui fait écho de la "dignité" et du "courage" de Gisèle Pelicot. Selon lui, cette affaire a "bousculé notre société" et "met en lumière les carences de certains êtres humains à comprendre leur désir et surtout celui de l'autre", ou même encore "l'incapacité de certains hommes à être en symétrie avec les femmes".
Ce discours n'est pas sans rappeler celui qu'avait tenu la victime lors de sa dernière apparition à la barre. Gisèle Pelicot avait spécifié qu'elle venait d'assister au "procès de la lâcheté". "Il est temps qu'on change de regard sur le viol", avait-elle déclaré, avant de poursuivre : "J'ai vu défiler à la barre des individus qui nient le viol et j'ai beaucoup de mal face à cette banalité. J'ai envie de dire à ces hommes : 'À quel moment quand vous pénétrez dans cette chambre Mme Pelicot vous a donné le consentement ?', 'À quel moment face à ce corps inerte vous prenez conscience ?', 'À quel moment vous n'allez pas le dénoncer à la police ?'".
Verdict attendu au plus tard le 20 décembre
Le même Jean-François Mayet a par ailleurs qualifié le procès de "Hors norme". "Ce sont les premiers mots venus à notre esprit pour porter l'accusation dans cette affaire", a-t-il renchéri, avant de poursuivre son réquisitoire en faisant savoir d'entrée de jeu que les peines requises allaient différer pour chacun des 51 autres accusés, en fonction des faits reprochés et d'une possible récidive. "Nos réquisitions seront prises dans la nécessaire individualisation. Faits et personnalité de chaque accusé ont été prises en compte jusqu'à la préparation de nos réquisitions", a-t-il conclu, tout en stipulant que la plupart d'entre eux pourrait risquer la même peine que Dominique Pelicot puisqu'on leur reproche des faits identiques. L'avocat général s'est enfin interrogé à voix haute sur la manière dont ces "Monsieur-tout-le-monde" étaient tout à fait au courant que Gisèle Pelicot n'était pas consentante. Ont-ils été "manipulés" par Dominique Pelicot, comme beaucoup l'avancent ? 35 des accusés ont nié les faits durant les longues journées d'auditions.
Le réquisitoire est prévu sur trois jours. Mais selon les informations de l'AFP, il pourrait s'achever mercredi en fin de matinée. La parole sera ensuite donnée aux avocats de la défense, dont celle de Dominique Pelicot, Béatrice Zavarro, qu'on entendra la première. Ses confrères se succèderont jusqu'au 13 décembre, avant une semaine de délibération et un verdict attendu au plus tard le 20 décembre.