Pénurie de pain au chocolat : "On n'a jamais connu ça auparavant", les boulangers font part de leurs vives inquiétudes

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Les Français ont fait leur choix il y a cinq ans. Pour 84% d'entre eux, on ne dit pas chocolatine, mais bel et bien pain au chocolat. Ce sont les résultats d'une étude portant sur la dénomination de cette viennoiserie très appréciée au moment du petit-déjeuner, en fonction des disparités territoriales qui avaient pu être relevées par la Fédération des Entreprises de Boulangerie (FEB). En effet, dans la région Nouvelle Aquitaine 63% des sondés ont répondu chocolatine, tout comme 47% des Occitans. Pour autant, aussi nombreux soient-ils à se distinguer, tous pourraient regretter de voir le prix de ces douceurs chocolatées grimper en flèche en 2024.

C'est ce que craignent plusieurs membres de la profession qui ont dernièrement émis une alerte à propos de la pénurie de matière première. En effet, les fournisseurs des fameux bâtons-lune essentiels à la fabrication de savoureux pains au chocolat ne peuvent plus approvisionner comme ils le souhaiteraient les boulangers-pâtissiers français. La raison est connue : les mauvaises récoltes de cacao dans les principaux pays producteurs que sont la Côte-d'Ivoire et le Ghana soumis à des intempéries.

D'après nos confrères de TF1, la Fédération des boulangers-pâtissiers craint que le pain au chocolat ne devienne un "produit de luxe" étant donné que, mécaniquement, comme la rareté se paye "le prix du cacao a plus que doublé en un an". Dominique Anract qui est le président de la Confédération nationale de la boulangerie-pâtisserie française ne cache pas ses craintes à l'égard du consommateur qui pourrait être directement impacté. "On n'a jamais connu ça auparavant, ce genre de manque de chocolat. On est inquiet, on sait qu'on a eu ce genre de problème avec le beurre et on a réussi à trouver une solution", explique-t-il auprès de nos confrères, ajoutant néanmoins : "Ce qu'il ne faut pas, c'est qu'une alarme soit mise et que les gens fassent un stock inconsidéré".

Les boulangers-pâtissiers sont également à l'affût de la moindre évolution du marché, par peur de décevoir leur clientèle habituée à dévorer des pains au chocolat. Jusqu'en Corse ! "On travaille essentiellement avec trois ou quatre fournisseurs. Il n'y en a plus qu'un qui a des bâtons lunes disponibles. Mais à quel prix ! Ils ont triplé en quelques années. Donc, on va vendre à perte", fait savoir à son tour Christophe Herby, le gérant de la boulangerie du Parc située à Ajaccio (Corse-du-Sud). Celui-ci imagine déjà qu'il pourrait se résoudre à proposer du surgelé... Quant à son employé, Stéphane, il va jusqu'à s'interroger sur son avenir professionnel. "Du coup, on a changé de bâtons lunes, les autres étaient trop chères. On n'a pas le choix. Si ça continue, le métier de tourier va s'éteindre. C'est malheureux", déplore-t-il à son tour.

Un pain au chocolat© Shutterstock / Krakenimages.com

L'avenir proche ne s'annonce pas radieux, en effet... Le président de la Fédération régionale de la boulangerie et boulangerie-pâtisserie de l'Ile-de-France confirme la tendance en cette fin du mois de septembre auprès du Journal du Net. "Sur une commande habituelle de dix boîtes de bâtons lunes, on nous en livre seulement cinq", confirme-t-il à son tour, suggérant que la pénurie est donc bel et bien nationale. Pour Franck Thomasse, le prix du pain au chocolat pourrait de ce fait augmenter d'environ cinq centimes, ce qui le rendrait toujours abordable de son point de vue. On observe actuellement qu'un pain au chocolat est vendu en France entre 1 euro et 1,5 euro en moyenne.

À quoi s'attendre en 2025 ? Lesfluctuations pourraient être de courte durée à croire les experts dans le domaine. En effet, les récoltes de cacao devraient être bien meilleures cette année compte tenu de conditions météorologiques plus clémentes. "Le marché devrait ainsi pouvoir répondre suffisamment à la demande", confirme-t-on, rejetant l'idée d'un arrêt temporaire de la production de pain au chocolat.

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