J'ai fait un AVC à 20 ans, et je ne l'ai su que 2 mois plus tard

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Tout a commencé le 16 juin 2024. Ce jour-là, Marion Da Ros Poli est en vacances avec son compagnon à Calvi en Corse. Le couple est en balade et monte à la citadelle lorsqu'elle est prise d'un mal de tête. Ayant l'habitude des migraines, elle n'y fait pas plus attention que ça. Une fois en haut, elle est très essoufflée. Encore une fois, rien d'inquiétant. Comme elle l'explique, elle a une bicuspidie aortique de naissance, une anomalie cardiovasculaire congénitale. Elle et son partenaire s'assoient donc sur un banc. Celui-ci lui tient la main quand elle commence à ressentir des picotements dans celle-ci.

À ce moment-là, une vague de symptômes arrive : "D'un coup, mon bras semble complètement glacé, bloqué. Je me demande ce qu'il m'arrive, et tente de dire à mon copain que je ne sens plus mon bras. J'ai alors la bouche complètement engourdie, j'ai l'impression de ne pas réussir à parler, de baver, d'être anesthésiée. Ma vision se trouble, mon champ visuel est réduit, je peine à voir la mer face à moi. Je panique, car, étant étudiante en médecine et mon copain en pharmacie, nous comprenons que quelque chose ne va pas." Après quelques minutes, elle retrouve des sensations normales, mais finit par aller aux urgences suite à l'insistance de son petit ami.

Une femme avec un mal de tête.© shutterstock

Dès son arrivée, l'infirmière qui s'occupe du triage des patients semble inquiète et fait passer Marion Da Ros Poli en priorité. Une autre infirmière vient lui poser des questions sur ses antécédents et un bilan sanguin est réalisé. Puis, elle attend une heure qu'un médecin vienne l'ausculter. Il réalise un examen neurologique "bien trop rapide pour une patiente suspecte d'AVC". Elle réalise un scanner de contraste pour "vérifier que tout va bien". Les résultats reviennent normaux et le médecin offre de la laisser partir en soupçonnant une aura migraineuse. Inquiète, elle pose des questions et finit par obtenir une ordonnance pour un IRM. Elle ressort de l'hôpital après quatre heures. "Pas d'évaluation neurologique complète, pas d'IRM, pas de thrombolyse, et si je n'insistais pas, pas de traitement de sortie ni d'IRM. Et pourquoi ? Par manque de moyen ? Par manque de compétence ? Parce que personne ne croyait à l'AVC de la petite jeune de 20 ans ? Qui sait…", déclare-t-elle sur X.

Quelques jours plus tard, elle consulte un neurologue qui effectue le même diagnostic que le médecin de l'hôpital. Lui non plus ne semble pas inquiet. Elle réalise l'IRM deux jours plus tard et obtient les résultats en 24 heures : "Il n'y a pas de conclusion, pas de « probable AVC ischémique », seulement des observations". Elle envoie le compte-rendu de l'examen au neurologue et reste sans réponse. Elle se retrouve donc en vacances en Corse sans la possibilité d'avoir un diagnostic.

Finalement, c'est fin août qu'elle obtient un rendez-vous à l'hôpital Raymond-Poincaré à Paris grâce à ses connaissances. Enfin, elle obtient une réponse : "C'est le 27 août qu'on m'annonce que j'ai bel et bien fait un AVC." Ce jour-là, le personnel soignant la prend en charge et programme une hospitalisation. Elle tombe des nues : "Si je n'avais pas eu ce rendez-vous sur Paris, je n'aurais jamais su tout ceci. Et si je n'avais pas été étudiante en médecine, je serais peut-être morte d'un second AVC dans les semaines qui ont suivi. Cependant, le patient lambda habitant en Corse n'est peut-être pas étudiant en médecine, et n'a peut-être pas de connaissances sur Paris."

C'est pour ces raisons-là qu'elle a décidé de témoigner sur le réseau social. "Je veux alerter sur le manque de moyens médicaux constaté sur mon île natale. Je veux rappeler aux gens que l'AVC est une urgence vitale, et qu'il ne devrait pas être pris à la légère", insite-t-elle. Si elle explique avoir été chanceuse, elle ne veut pas que cette situation se reproduise pour qui que ce soit.

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