Essonne : "On en pleure", des familles sous le choc après d'horribles découvertes dans un cimetière
11/05/2024 08:43 AM
En Essonne, les objets funéraires de valeur, comme les statuettes, bénitiers ou plaques, n’en finissent pas de disparaitre. Parfois, les fleurs et arbustes décoratifs sont aussi volés. Ce type de larcins est très fréquent avant la Toussaint notamment.
En effet, pour les malfaiteurs, les cimetières sont des cibles faciles. Ces lieux sont peu surveillés, notamment la nuit, sont ouverts au public et donc facilement accessible.
Essonne : des vols à répétition dans les cimetières, les habitants sont outrés
Début octobre, à Montgeron, des malfaiteurs ont pillé les sépultures, et se sont principalement attaqués aux objets en bronze. Les palmes, qui se trouvent sur les tombes des anciens combattants, pourtant fixées sur le marbre, ont été arrachées et volées. "Ils ont volé les morts pour la France, où est le respect pour les anciens combattants ?" s’est indigné une habitante auprès du Parisien.
"Ces palmes, ça vaut largement plus de 300 ou 350 euros" a expliqué Miguel Courteille, membre de l’Union du pôle funéraire public (UPFP), à nos confrères. "Tout ce qui est en métal augmente, mais au-delà du coût, ça relève de la mémoire, de l’intime. Ça touche les gens" a-t-il ajouté. Bernard, un habitant, et ses proches se sont fait dérober plusieurs statuettes en bronze. "Certaines valent plusieurs milliers d’euros", a-t-il déclaré. "On a beau les fixer avec de la colle à pare-brise, ils ont réussi à les prendre. (…) Du coup, on a enlevé nous-mêmes celles qui restaient sur la tombe de mes parents. Pas trop le choix, avec ces pillages" a ajouté le riverain qui a porté plainte.
Les familles interpellent la mairie
"Une bande avait été prise en flagrant délit et jugée au tribunal. Ils avaient pris des bronzes et cassé des plaques. Ils ont écopé d’une amende et de prison avec sursis… Et là, ça recommence" a confié Chantal, à Montgeron, elle aussi victime. "Ils ont pris sur la tombe de mon mari une vierge en bronze et ils ont enlevé les écritures des plaques" a-t-elle ajouté auprès du Parisien. "Les défunts, chez nous, on n’y touche pas, c’est sacré ! On en pleure, c’est une honte de faire ça. On sait que la vie est dure pour tout le monde, mais s’attaquer à des tombes…" se sont exclamés des familles de Montgeron. Ces dernières réclament que la mairie, en charge de la gestion de l’entretien et de la police des cimetières, prenne des mesures.
Le vol sur les tombes est assimilé à une violation de sépulture et est alors passible d’un an de prison et de 15 000 euros d’amende. Au printemps dernier, dans le Haut-Rhin, quatre membres d’une famille ont été interpellés et trois ont été placés en détention provisoire. Ils sillonnaient les cimetières de la région et revendaient le métal extrait des objets dérobés en Allemagne. Selon les gendarmes, il y aurait 310 victimes recensées et le préjudice financier est estimé à 175 000 euros.
Les élus impuissants face aux vols récurrents
"C’est difficile pour les gens. Nous avons des personnels sur place, mais ils ne peuvent être présents 24 heures sur 24. Les caméras, pour dissuader, c’est une piste de réflexion" a reconnu le maire de Montgeron, Miguel Courteille. Ce dernier a toutefois ajouté : "dans les cimetières, les gens viennent se recueillir. Il y a des lieux qui doivent rester de l’ordre du privé". Pour les communes rurales, cette solution n’est pas toujours adaptée.
"Souvent, les cimetières sont éloignés du centre, sans raccordement électrique, il n’est donc pas question de mettre des caméras", a souligné François Deysson, maire de Villecerf et président de l’Association des maires ruraux de Seine-et-Marne. "En revanche, la question se pose souvent dans les conseils municipaux de fermer les cimetières à certains horaires en journée. Personnellement, je m’y oppose. Certains visiteurs viennent de loin pour se recueillir, il n’est pas question qu’ils trouvent porte close" a-t-il ajouté. Pour Carine Houdouin, maire de Richarville, la sécurité par vidéosurveillance est trop coûteuse. "Les gendarmes ne peuvent pas être partout, ils doivent prioriser leurs actions. Nous sommes démunis, alors que ces phénomènes ont un impact psychologique fort pour les familles" a-t-elle aussi confié. La situation est donc compliquée pour les élus.