Abbé Pierre : des bénévoles retirent son visage d'un établissement Emmaüs après les accusations de violences sexuelles

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L'Abbé Pierre, longtemps vu comme un héros humanitaire, est aujourd'hui au cœur d'un scandale. Un rapport commandé par Emmaüs a révélé des témoignages accablants. Vingt-quatre femmes, dont trois mineures, accusent le prêtre d'agressions sexuelles : baisers forcés, attouchements et viols. Ces données, s'étalant sur plusieurs décennies, ont profondément choqué l'opinion publique. Face à l'émotion, la Conférence des évêques de France (CEF) a ouvert les archives de l'Église.

Les documents montrent que plusieurs évêques étaient informés des actions du prêtre. Ces révélations ternissent non seulement l'héritage de l'Abbé Pierre, mais aussi la crédibilité des institutions religieuses qui l'ont couvert. Ce scandale résonne comme un appel à une prise de conscience collective. Le mouvement Emmaüs, fondé par l'Abbé Pierre, est désormais confronté à une crise identitaire majeure. Comment continuer à défendre des valeurs humanitaires tout en s'affranchissant de l'ombre de son créateur ?

La Fondation Abbé Pierre change de nom pour avancer

La Fondation Abbé Pierre a officialisé une décision historique le 6 novembre 2024 : changer de nom. Christophe Robert, délégué général, a pris la parole pour expliquer ce choix difficile, mais nécessaire. « Nous allons écrire un nouveau chapitre de la Fondation, mais notre mission est de continuer à combattre le mal-logement, les exclusions et les inégalités », a-t-il déclaré. En effet, depuis juillet, les accusations ont ébranlé le mouvement. Les témoignages de femmes, victimes de violences sexuelles entre les années 1950 et 2000, ont mis en lumière une face sombre de l'Abbé Pierre.

Pour certains, continuer à utiliser son nom dans les actions de la fondation est désormais inconcevable. Ce changement marque donc une rupture avec le passé, sans renier les objectifs originels de l'organisation. « La Fondation change de nom, pas de combat », a affirmé Christophe Robert. Le choix est lourd de sens : il s'agit de tourner une page douloureuse, tout en répondant à l'urgence sociale. Ce repositionnement permet à la fondation de préserver son rôle essentiel tout en respectant les attentes d'une société qui exige transparence et exemplarité.

Abbé Pierre : des bénévoles retirent son visage d'un établissement Emmaüs après les accusations de violences sexuelles© Jumeau Alexis/ABACA

À Saint-Malo, le visage du prêtre disparaît des façades

L'établissement Emmaüs de Saint-Malo a, lui aussi, pris des mesures concrètes pour se distancer de l'image de l'Abbé Pierre. Entre août et septembre 2024, un vote interne a permis aux bénévoles et compagnons d'exprimer leur opinion. Résultat : 60 % des votants ont décidé de retirer les représentations du prêtre. Un choix symbolique qui témoigne d'un besoin de tourner la page. Durant l'été, les portraits situés dans la salle des ventes ont été enlevés. Restait une tache plus visible : supprimer les visages sur les façades extérieures.

Faute de trouver une entreprise disponible pour ce petit chantier, l'initiative a été portée par les bénévoles eux-mêmes. Le 6 janvier, quatre d'entre eux, avec une nacelle, ont enlevé les portraits qui restaient. La communauté de Saint-Malo voit dans cette action un pas vers l'avenir. Cette initiative illustre une volonté de transformation, tout en continuant à répondre aux besoins des plus démunis. À Saint-Malo comme ailleurs, Emmaüs s'efforce de surmonter cette épreuve en restant fidèle à ses valeurs de solidarité et de justice sociale.

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