Que nous disent les films de prof sur l'école aujourd'hui ?

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Quatre films sortis récemment mettent au cœur de leur récit un individu dont le métier est professeur·e : l'allemand La Salle des profs de İlker Çatak avec Leonie Benesch, le français Pas de vagues de Teddy Lussi-modeste, avec François Civil, et le belge Amal – esprit libre de Jawad Rhalib (avec Lubna Azabal), et dans une moindre mesure (puisque le personnage principal quitte l’enseignement, dégoûté, au début du film), Comme un fils de Nicolas Bkhief, avec Vincent Lindon.

Deux femmes, deux hommes, confronté·es à des problèmes similaires. Que voit-on ? Des gens seul·es, dont l’autorité est contestée par les élèves, qui sont plus ou moins agressé·es ou menacé·es par les parents dès qu'ils ou elles sanctionnent un·e élève, accusé de harcèlement ou encore abandonné·es par une administration qui ne veut effectivement "pas de vagues". Et ils et elles de surcroît subissent les critiques de leurs propres collègues, qui leur reprochent leurs méthodes, leur trop grande gentillesse ou leur intransigeance, leur refus de lâcher prise et d’attendre la retraite sans faire d’efforts. Bref, une société éducative divisée, donc affaiblie. Sur fond, sans qu’ils soient jamais cités, des assassinats de Samuel Paty et de Dominique Bernard, fantômes omniprésents dans ces films – en tout cas pour les spectateur·rices français·es. La coïncidence ne saurait être fortuite, mais nous n’essaierons pas ici de proposer des solutions à des problèmes réels.

Entre les murs, l’espoir se restreint

La disparition, la semaine dernière, du cinéaste Laurent Cantet, vient nous rappeler que le film pour lequel il reçut la Palme d’or, en 2008, Entre les murs, se déroulait entièrement ou presque, en cours de français, dans une salle de classe de 4e. Cette adaptation singulière (puisque l’auteur du roman dont le film était tiré, François Bégaudeau, lui-même ancien enseignant, jouait le rôle du professeur) décrivait déjà les difficultés d’enseigner, la violence physique de certain·es élèves, les désaccords entre enseignant·es, la solitude du prof, etc. Mais il y avait aussi quelques scènes où ce personnage, François, voyait pointer l’intelligence de ces élèves au détour d’un flot de propos immatures et provocateurs. C’est cette bienveillance, ces lueurs d’espoir, qui semblent absentes des films dorénavant, qui faisait tout le prix du film de Cantet. Loin de nous l’idée de dire que "c'était mieux" avant, mais force est de constater que les films aujourd'hui nous livrent une image totalement désespérée et désespérante de l’école.

Édito initialement paru dans la newsletter Cinéma du 1er mai. Pour vous abonner gratuitement aux newsletters des Inrocks, c'est ici !

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